( Pour de vrai, le truc, c'est que je n'arrive jamais vraiment à avoir les deux pieds au sol
j'ai toujours envie de croire que l'horizon est tangible
Moi aussi je veux une ouverture vers l'azur et de la brise sur la nuque
Mais je suis traversée de courants d'air,
mes ailes sont toutes poreuses
et peureuses. Elles sont si vaporeuses
Ca fuit de partout, j'entends cet air qui s'en va en des pshiit indécents, le temps griffe et fissure, et flétrit ce qui est mou, J'ai comme la peur d'être vivante, tellement, que je m'en mords le ventre
et le reste aussi
On ne m'a jamais appris à m'envoler, un, deux, trois, et après
Ce n'est pas si facile, cette clef des champs est toute épineuse, toute étriquée, elle ne sait pas comment faire pour s'ouvrir grand sur le monde
J'ai les contours un peu rouillés, je me sens remplie d'années,
Les pages des jours se froissent et s'écornent et les heures s'effilochent et agrandissent les trous de la vie
Les mots ont la jaunisse et l'horizon est menteur
j'ai les parois silencieuses et boiteuses
trop poreuses et vaporeuses )
Le grand pas que tu as fait depuis le début de l'année, regarde derrière toi, admire l'élancer que tu as prise, la pente que tu ne cesses de gravir. Je suis certaine qu'il te reste encore beaucoup de souffle, même si ton coeur bat tellement vite, même si tes jambes flageolent et que tu as dans le ventre des noeuds si difficiles à démêler.
Alors dit toi que tu n'as besoin de personne pour prendre ton envole.
La clé des champs va s’offrir à toi toute seule, quand elle sera prête à éclore, alors elle s’ouvrira. Tu n’auras plus qu’à la cueillir. Pour finir par lui chuchoter toutes ces belles choses que tu mets entre parenthèses.
Bizouz